Agir ensemble pour accélerer les transitions énergétiques et environnementales du maritime

Agir ensemble pour accélerer les transitions énergétiques et environnementales du maritime

La décarbonation du maritime : défis et moyens d’action

Jean-François SIGRIST, MEET2050

Un secteur vital pour les activités humaines

Plus de 150 000 navires sillonnent les mers et océans du globe et acheminent les matières premières, ressources énergétiques, denrées alimentaires, bien d’équipements ou consommation indispensables à nos économies : le maritime assure à ce jour l’essentiel du transport de marchandises à l’échelle mondiale (90% en volumes et 80% en valeur), de sorte que la croissance du PIB mondial est fortement corrélée avec la capacité de transport du maritime.

Le maritime est cependant le moyen de transport le plus efficient en termes de consommation énergétique et d’émission de gaz à effet de serre : acheminer une tonne de marchandises sur un kilomètre représente en effet une consommation de 150 kJ et des émissions de 5 g de CO2 – alors qu’il faut compter environ 200 kJ et 15 g CO2 et pour le ferroviaire, un peu plus de 2400 kJ et 65 g pour le routier et près de 7000 kJ et 500 g avec l’aérien.

Le maritime est cependant le moyen de transport le plus efficient en termes de consommation énergétique et d’émission de gaz à effet de serre : acheminer une tonne de marchandises sur un kilomètre représente en effet une consommation de 150 kJ et des émissions de 5 g de CO2 – alors qu’il faut compter environ 200 kJ et 15 g CO2 et pour le ferroviaire, un peu plus de 2400 kJ et 65 g pour le routier et près de 7000 kJ et 500 g avec l’aérien.

Malgré cette efficacité, l’impact énergétique et environnemental du maritime reste élevé, en raison des quantités transportée : ainsi, ce mode de transport représente-t-il environ 15% de la consommation énergétique du secteur des transport (3000 TWh) et est responsable de 3% à 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (35 Gt CO2e). Cette empreinte carbone est très importante : si le maritime était un pays, il serait le sixième émetteur mondial.

Comme d’autres secteurs responsables d’émissions importantes, le transport maritime – et, plus largement l’économie de la mer – doit donc accélérer sa transition énergétique et écologique, dans un contexte où des règlementations internationales et européennes contraignantes entrent en vigueur en 2023 afin de réduire les émissions des navires :

  • En 2023, l’OMI a annoncé un durcissement de la Stratégie GES, adoptée en 2018 et visant la décarbonation du secteur, les objectifs retenus à l’a suite de la réunion du MPEC (Comité de la protection du milieu marin) tenue à Londres du 2 au 7 juillet 2023 :
    • Atteindre le net zéro des émissions du maritime à 2050,
    • Pour ce faire, l’OMI impose des mesures dites « de court terme », visant à réduire les émissions de CO2 par navire, se fondant sur des indices techniques et opérationnels (EEDI, EEXI et CII), associés à un plan de gestion des navires (SEEMP),
    • Parmi ces différentes mesures, le CII sera la plus contraignante : elle vise à réduire l’intensité carbone (émissions de CO2 par unité de transport t.km) des navires de 20 % (en ‘efforçant d’atteindre 30%) d’ici 2030 et de 70 % (en ‘efforçant d’atteindre 80%) d’ici 2040, toujours par rapport à leur niveau 2008 ;
    • De nouvelles mesures réglementaires pourraient entrer en vigueur dès 2027 : en particulier, une mesure technique qui imposerait d’intégrer des carburants zéro carbone dans les soutes des navires et une mesure économique qui déterminerait un prix pour les émissions de GES des navires.
  • L’Union européenne a mis en place des mesures spécifiques dans le cadre d’un paquet climat FIT for 55, allant au-delà des objectifs de l’OMI et imposant en particulier :
    • La réduction de l’intensité carbone de l’énergie utilisée à bord des navires (Fuel EU maritime) ;
    • L’inclusion à partir de 2024 du transport maritime dans le marché carbone ETS (quotas et marché carbone) ;
    • La Directive RED (Renewable Energy Directive) vise quant à elle le développement et l’incorporation d’énergie décarbonée, avec des objectifs spécifiques sur les transports.

Avec cet arsenal réglementaire, il est maintenant certain que le maritime va devoir se décarboner, et à un rythme très soutenu, et, à certains égards, difficilement compatible avec les capacités industrielles, énergétiques ou technologiques actuelles.

Une variété de leviers de transition

Atteindre les objectifs de décarbonation du secteur maritime ne sera possible qu’en s’appuyant sur un ensemble de solutions techniques et opérationnelles :

  • L’efficacité énergétique par le développement de solutions technologiques et opérationnelles qui relèvent respectivement des chantiers et équipementiers, d’une part, et des armateurs, d’autre part ;
  • La réduction du contenu en CO2 de l’énergie consommée par l’utilisation de bio-carburants, de carburants de synthèse, l’électrification avec de l’électricité décarbonée, la captation de CO2 sur le navire ou encore le recours à des énergies renouvelables directement sur le navire – dont la propulsion par le vent ou l’usage de panneaux solaire ;
  • La sobriété, qui peut inclure la baisse de vitesse des navires et des quantités transportées.

À la différence des autres mobilités, le transport maritime se fonde sur de très nombreux segments : sa décarbonation devra donc s’opérer sur une grande variété de navires, aux caractéristiques très différentes (taille, puissance, consommation, etc.) et réalisant des opérations et des fonctions très différentes (transport, pêche, plaisance, service, surveillance/sécurité, etc.).

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